MINORQUE

La chaîne nord de la Tramontane comprend trois sous-zones différentes. La première, situé au nord de Mahon, Es Mercadal et Ferreries, est constituée de matériaux primaires d’aspect ardoise et grès-quartz. Sa côte basse est rocheuse et irrégulière. La deuxième sous-zone est composée de matériaux du Trias inférieur, de quartz de type grès rouge et jaunâtre et de sédiments argileux dans les couches plus profondes. On y trouve de petites formations rocheuses à la végétation épaisse et ses côtes sont principalement constituées de hautes falaises. La troisième, qui s’étend du nord d’Alaior et d’une partie des terres situées entre Ciutadella et Ferreries, abrite des plates-formes jurassiques occupées par des extensions forestières et des côtes rocheuses.

La zone sud est connue sous le nom d’Es Migjorn. Cette région est composée de calcaires du Miocène communément appelés « juments ». Son paysage est assez homogène malgré le nombre de gorges qui traversent la plateforme miocène et débouchent sur des criques et des plages.

Préhistoire et culture talayotique

L’île de Minorque était déjà peuplée au début de l’âge de bronze, probablement par des habitants de la péninsule ibérique et de Sardaigne. Une culture similaire à celle de l’île de Majorque, s’est développée sur l’île, influencée par la culture de l’El Argar (courants méditerranéens).

La principale caractéristique des monuments mégalithiques de Minorque, provient de la culture talayotique. De cette période, il reste trois types de constructions des poblats (petits villages) de Minorque : les talayots, les navetas et les taulas.

On recense plus de 250 talayots dans une douzaine de localités. Ils avaient plusieurs fonctions : tour de guet, monument funéraire ou rituel, ou simplement résidence du chef de village.

Les navetas sont des constructions funéraires qui ne se trouvent presque qu’à Minorque. Les plus remarquables sont celles d’Es Tudons, de Biniac-L’Argentine et de Rafal Rubí.

Les taulas n’existent que sur l’île de Minorque. Elles sont constituées de deux grandes pierres en forme de T, et abondent sur toute l’île : Talatí de Dalt, Torre d’en Galmés, Torralba d’en Salort, Binimassó, Binissafullet, Comerna de Sa Garita, San Agustí Vell, So na Cacana, Son Catlar, Torrellafuda, Torretrencada et Trepucó, entre autres.

Des Phéniciens aux Musulmans

En 205 av. J.-C., les Carthaginois, menés par le général Mahon, ont intégré l’île à leur empire et leur général a donné son nom à la ville qu’il a fondée : Mahon.

En 123 av. J.-C., sous l’étendard de Rome, Quintus Caecilius Metellus conquiert Minorque. Le « Portus Magonis », comme les Romains appelaient le port de Mahon, devient un lieu stratégique important et Mahon une ville prospère.

En 427, Minorque est rattachée aux Vandales d’Afrique du Nord et en 534, elle est conquise par Flavius Belisarius, de l’Empire byzantin.

En 903, sous le califat de Cordoue, l’île est conquise par les Arabes et le restera pendant près de quatre siècles. Ciutadella, rebâptisée « Jamma », devient la capitale de l’île. L’influence arabe sur l’île a été déterminante. Minorque faisait partie du monde musulman jusqu’à ce que l’empire almohade soit vaincu par Jacques Ier le Conquérant.

Jacques Ier a permis le développement du Royaume de Minorque (ou  Taifa de Minorque) en échange d’un vasselage. Ainsi, pendant plusieurs années, Minorque fut un royaume « indépendant ».

Le 17 janvier 1287, les troupes d’Alphonse III le Libéral battent le dernier almojarife de Minorque, Abu Umar, et incorporent le royaume de Minorque au royaume d’Aragon. La population musulmane est réduite en esclavage et progressivement déportée. À sa place, l’île est repeuplée par les Catalans.

Minorque lors des Royaumes de Majorque, d’Aragon et d’Angleterre

Après la conquête du royaume d’Aragon, l’histoire de Minorque est intimement liée à celle de Majorque. De 1298 à 1343, elle a fait partie du royaume de Majorque. En 1343, Pierre IV d’Aragon vainc les troupes du royaume de Majorque et les incorpore aux îles du royaume d’Aragon.

Entre le XIVème et le XVIIème siècle, Minorque est ballottée entre différents royaumes jusqu’en 1803 où l’ile fut rattachée définitivement au Royaume d’Espagne.

Du XIXe siècle à aujourd’hui

En 1808, pendant la guerre contre Napoléon, Minorque se positionne en faveur de Ferdinand VII.

Après la guerre, l’île accueille de nombreux réfugiés catalans. La forteresse de La Mola est construite sous le règne d’Isabelle II, en 1852. Elle devient rapidement une prison militaire et le restera jusqu’en 1968.

À la fin du XIXe siècle, la construction navale et la fabrication de chaussures permettent le développement économique de l’île.

Le tourisme a impliqué un changement social et démographique radical pour Minorque. Il constitue sa principale source de richesse, bien que certains Minorquins s’en plaignent.

L’évolution du tourisme va marquer l’avenir de l’île. Rendre les objectifs de la déclaration de « réserve de biosphère » compatibles avec la croissance d’un tourisme respectueux du patrimoine naturel, voici là le nouveau défi de Minorque.

L’UNESCO a déclaré l’île de Minorque,  réserve de biosphère en 1993. En 2019, ce sont les extensions maritimes, depuis la côte jusqu’à 12 miles au large, qui ont été déclarées Réserve de la Biosphere.