carte du pays Bakweri

 

Resistance armée des bakweris au colonialisme allemand - 1891-1894

 

Contrairement à la croyance très répandue qui laisse sous entendre que les Bakweris n'ont pas résisté à la spoliation de leurs terres par les Allemands, ils ont en fait organisé une campagne anti-Allemande efficace et ont infligé une défaite humiliante aux Allemands, à Buea en 1891. Ce fut la première perte militaire allemande sur le continent africain. Ce qui a conduit à une réestimation complète de la politique allemande de colonisation militaire au Cameroun, et, malheureusement, a entraîné une sanglante répression afin d'anéantir les Bakweris. Seule une poignée d'hommes a survécu pour raconter l'histoire.

L'histoire de la résistance militaire des Bakweris contre les Allemands est également l'histoire incroyable du chef KUVA LIKENYE de Buea. La défaite épique des forces Allemandes menées en 1891 demeure l'un des chapitres le plus glorieux (mais aussi le plus méconnu) dans l'histoire camerounaise.

 

La première guerre Bakweri-allemande de 1891

 

La guerre de 1891 a ses origines dans le désir du gouvernement colonial allemand d'occuper le secteur autour du Mont Cameroun, un secteur stratégique par la richesse du sol. Une des justification à cette guerre était d'écraser Kuva Likenye, le chef de montagne, qui était considéré comme le chef de la résistance et qui avait incité un soulèvement parmi les tribus de Bakweris.

En novembre  1891 une force expéditionnaire allemande, menée par le commandant Karl Freiher Gravenreuth (qui venait de réprimer un soulèvement des habitants d'Abo (Douala) au début de cette même année), est envoyée pour combattre les poches de résistances et pour faire une démonstration de force vis à vis des populations. Le contingent allemand a également inclus les soldats du Dahomey, du Togo et de la Sierra Leone qui avaient débarqués quelques jours plus tôt au port de Victoria (Limbe).

Quand Kuva Likenye s'est rendu compte de l'attaque imminente des forces allemandes, il a disposé ses hommes (environ 400, tous des paysans locaux). Un accrochage mémorable eu lieu au ravin de Namonge (maintenant enjambé par le pont entre le rond point de station de Buea et l'hôtel Mountain Blue).

Malgré les forces allemandes supérieures, les hommes de Kuva Likenye ont tenu leur terre, et stoppé net l'avance allemande dans Buea. Le commandant allemand, Karl Freiher Granvenreuth, fut tué immédiatement. Le corps expéditionnaire a paniqué et s'est sauvé à travers la montagne jusqu'à Victoria, avec les Bakweris à leur poursuite.

Pendant les trois années à venir, les Bakweris ont tenu les Allemands en échec, les empêchant de s'implanter sérieusement dans la région. Cette défaite eut des répercussions importantes pour la suite de la colonisation Allemande, en effet les troupes auraient du s'implanter plus loin dans l'intérieur du pays, afin de contrecarrer les mouvements Français.

En mars 1894, l'Allemagne signe un accord, avec la France, qui fixe la frontière orientale du Cameroun bien plus étroitement que prévu.

Grâce à leur victoire sur les forces impérialistes Allemandes, les Bakweris ont, avec succès, ralenti l'avance des Allemands dans l'intérieur du pays camerounais.

1894 : la vengeance de la machine militaire allemande

Les Allemands n'ont jamais oublié cette défaite, ils mettent en place une politique d'usure, visant à isoler le chef Kuva Likenye.

En décembre 1894, une force coloniale allemande, nouvellement constituée, mieux préparée et fortement armée, lance une attaque sur Buea.

Le chef Bakweri, Kuva s'est rendu compte que la résistance devenait inutile et pour éviter un carnage est parti en exil au village de Wonya Mokumba et y meurt rapidement.

Cette deuxième expédition allemande marque le commencement de l'élimination systématique des Bakweris, dans le but de saisir leurs terres et de les enfermer dans de prétendues réserves indigènes.

le traité Bakweri-allemand de paix de 1895

En avril 1895, un Traité de paix brutal a été imposé aux Bakweris, signé par Chef Endeley , frère du défunt Kuva. Les habitants étaient dépossédés de leur ancien territoire autour de la ville de Buea, et ont du payer des indemnités de guerre en bétail, en terre et en hommes . Ces derniers seront contraints plus tard à construire le palais du gouverneur de Buea, le palais de Von Puttkamer que l'on visite encore aujourd'hui.