11°
GENERATION
FIN
DU XIX° SIECLE............. DEBUT DU XX° SIECLE ...............
III°
REPUBLIQUE ..... Guerre de 1870 ....CRISES.... IMPÉRIALISME...
LA
BELLE EPOQUE…
Voici
mon Grand-Père : BLAISE - HENRI 1868-1932
qui va vivre 64 ans .
Pour
vous , nos petits enfants , c’est votre arrière , arrière
, arrière aïeul .
Il
a cinq ans lorsque :
NAPOLEON
III meurt en exil en Grande Bretagne le 7 janvier 1873
. THIERS est contraint de démissionner . Il est remplacé
par MAC MAHON .
La
génération de Blaise-Henri est étroitement liée à celle
de ses parents , du fait de la mort prématurée de son
père et de l’importance de la place de sa mère
.
L’enfance
de Blaise-Henri s’écoule toujours à St.Andéol . Il a
8 ans à la mort de son Père . En compagnie de ses sœurs
, Marie -Mathilde 9 ans et Marie -Émilie 7 ans , il
anime l’ambiance familiale qui , du fait des évènements
familiaux est plutôt austère . L’oncle Abbé veille de
loin sur eux . Ayant une riche bibliothèque , il leur
apporte à chaque visite de beaux livres et passe
de grands moments à les instruire , outre la vie des
saints il narre le temps des Lumières , passé
tout récent mais si riche de progrès . Il leur fait
aimer Jules Verne et leur recommande Victor Hugo . Divin
oncle abbé qui a su acquérir entre autres le récit
« de l’Illiade et l’Odyssée » qui , non seulement
a enchanté ses neveux , mais ce même livre fera aussi
le bonheur beaucoup plus tard du petit fils de Blaise
-Henri : votre grand-père Henri !!
Blaise
-Henri ne peut s’empêcher de regretter le vrai bonheur
de la vie familiale authentique lorsque son Père était
encore en vie . Maintenant , c’est grand’mère Marie
Jacquemont et grand’mère Etiennette Guillemin qui à
tour de rôle avec leur maman , le soir au coin
du feu , sous la lampe alimentée par l’huile des noyers
de la propriété , se rappellent le bon vieux temps
, et racontent des contes merveilleux . Se
joignent à eux tous leurs amis , voisins et aussi
tous les oncles et cousins . Ils se régalent de
galettes de sarrasin , de tartes aux épinards , de raves
qui grillent dans le foyer , des châtaignes qui cuisent
dans l’eau bouillante ou dans la cheminée .
De
même , il assiste à la joie de la famille à la
fin de la guerre de 1870 , lorsque ,
les Allemands évacuent
le territoire Français le 16 septembre 1873 .
Il
essaiera de comprendre les nouvelles qui arrivent de
par le monde,c’est ainsi que:
En
Amérique , le génocide des Indiens d’Amérique du Nord
prendra quarante années , de 1834 à 1877 . Ce sera ensuite
, en quelques mois , le massacre des bisons , source
de subsistances des dernières tribus nomades . Parmi
les témoins , l’écrivain Herman Melville dira : “A la
lumière de ce combat , on peut se demander ce qui sépare
l’homme éclairé du sauvage ?”.
Le
2 février 1878 , mort de la Grand’mère maternelle
de Blaise . Elle a 58 ans . Sa maman perd
ainsi sa mère Etiennette Guillemin femme de Mathieu
Fournier . La voici 2 ans après avoir perdu son mari
à nouveau seule . Pour la cinquième fois , elle perd
l’un des siens . Elle a encore le soutien de sa belle
mère .
Depuis
les années 1874 , Blaise ne voit sa mère que vêtue de
noir : grand voile , petit voile puis à nouveau grand
voile , fixés à un chapeau dont la forme s’est rapetissée
ces dernières années : il ressemble plus à un « bibi ».
Néanmoins , Catherine a toujours son visage
caché les jours d’enterrement .
Cependant
, Catherine continue de veiller sur l’éducation chrétienne
de ses enfants et sur sa maison . Sévèrement , elle
réglemente et économise : un sou est un sou . Depuis
1854 , date d’apparition de la première machine à coudre
, en bonne maîtresse de maison , Catherine a acheté
cette merveille qui lui permet de confectionner des
vêtements pour ses enfants , d’autant plus qu’elle a
appris la couture . Ses deux filles : Marie Mathilde
et Marie Émilie auront les plus belles robes de Saint
Andéol !.
Blaise-Henri
a une maman qui ne s’épargne pas .
Elle
passe ses journées à courir d’un champ à une vigne
sans oublier le jardin et en plus , elle entretient
la maison , fait la lessive , raccommode , prépare les
repas … Heureusement , petit à petit ses filles vont
lui apporter leur aide .
Blaise
Henri a 10 ans lorsque :
Jules
FERRY , marque sa volonté de laïcisation de l’enseignement
du second degré.Par décret , il oblige les jésuites
à évacuer leurs établissements .
Le
14 juillet 1880 : première célébration de la Fête nationale
.
Pendant
ce temps , de l’autre côté de l’Atlantique , le flot
des immigrés arrivant en Amérique ne cesse de grossir
.
Le
28 mars 1882 : Blaise-Henri bénéficie de
la nouvelle loi qui vient d’être votée . L’enseignement
primaire est désormais rendu obligatoire de six à treize
ans . De plus , depuis quelques mois une loi a instauré
la gratuité de l’enseignement dans les écoles publiques
. Merci Monsieur Jules Ferry !.
Le
25 avril 1883 , les Français bombardent Hué . Ils conquièrent
le Tonkin et placent l’Annam sous protectorat français
( traité de Hué ) .
Afin
de se mettre en partie à jour de ses dettes , Catherine
qui est devenue une femme de tête prend une obligation
de mille francs auprès de Jean Boiron(traduc73.wps) . Mais elle est rentrée dans un cycle infernal d'emprunt
pour rembourser. Le 6 juin 1883 , elle signe une
autre obligation de deux mille francs auprès de M. Jean-Louis
Bonnand (traduc.74.wps) . Il est missionnaire en Cochinchine
. C’est un ami de l’abbé Fournier . Une autre de mille
huit cent francs est prise auprès de François Besson
le 28 mars 1885 (traduc76.wps) . Elle reconnaît que
ses biens sont grevés d’inscriptions hypothécaires pour
la somme de sept mille francs .
A
sa majorité Blaise-Henri , le 28 avril 1889 , et sa
mère Catherine , prennent encore une obligation de mille
francs auprès de Monsieur Besson (traduc78.wps) afin
de pouvoir continuer à rembourser et assurer l'éducation
de Marie Émilie encore mineure .
La
même année ,
Pour célébrer le centenaire de la Révolution de 1789
et pour effacer les stigmates de la cuisante défaite
de 1870 , la France invite le monde entier à l’Exposition
Universelle avec comme symbole une tour de 300 mètres
de haut c’est : la Tour Eiffel . Elle a été construite
en 2 ans , 2 mois , et 5 jours . Elle comporte 18 038
pièces métalliques , 2 500 000 rivets et pèse au total
10 100 tonnes . Elle est comparée par Maupassant à un
«squelette disgracieux».
Un
scandale va bientôt éclater : le 28 mars
1889 , une plainte a été déposée contre la
Direction de la
"
Compagnie du Panama " pour détournement d'argent
et corruption ; déjà... Deux hommes illustres sont concernés
, Ferdinand de Lesseps et Gustave Eiffel, l’un des principaux
ingénieurs du projet . La société est liquidée après
avoir englouti plus d'un milliard et demi de francs
( 35 milliards d'aujourd'hui ...) et lésé des centaines
de milliers de petits épargnants dont notre famille
BOUD’HUILE en la personne de Blaise Henri qui avait
acheté des obligations .
Un
des administrateurs de la Compagnie a remis à Constans
, le ministre de l'intérieur , une liste de 104 noms
de parlementaires qui ont touché des pots- de-vin .
Et , dans la nuit du 19 au 20 novembre 1892 , le banquier
Jacques de Reinach décède . Il avait été le principal
conseiller dans l'affaire et sa mort déclenche une crise
qui va ébranler la III° République .
En
1890, Clément Ader effectue un survol de soixante mètres
à bord de son aéroplane qui fonctionne à la vapeur .
Blaise-Henri
a 29 ans lorsque sa grand’mère paternelle Marie
Jacquemont s’éteint le 29 septembre 1891 à l’âge de
80 ans . Vie longue et laborieuse semée de joie et de
peine:elle rejoint au paradis son mari Pierre et son
fils Henri-Noël .
En
1892 , en Grande-Bretagne , débute la publication des
“Aventures de Sherlock Holmes , d’Arthur Conan Doyle
. L’année suivante Anton Dvorak fait jouer sa “Symphonie
du Nouveau Monde” .
Une
autre obligation est passée les 23 mai et 24 juin 1892
devant le notaire de Saint Andéol , Maître Savy
, au profit de Antoine Thonnérieux et Jean François
Besson pour trois mille francs (traduc79.wps) . Celle-ci
engage Catherine avec ses deux enfants Blaise
Henri et Marie . Elle sera remboursée le 10 septembre
1897 .
En
France dans son premier ouvrage sociale , “La Division
du travail social” , Durkeim reprend la distinction
entre communauté et société . La communauté met en jeu
une division rudimentaire des tâches et fonctionne selon
le principe de solidarité mécanique ; la société implique
au contraire une spécialisation croissante des fonctions
et repose sur la solidarité organique .
Le
9 décembre 1893 , une bombe explose dans l’hémicycle
de la Chambre des députés. Panique , cris , de nombreux
députés blessés . En dépit du brouhaha , le président
, Charles Dupuy, lance :
« Messieurs
, la séance continue! » Un instant plus tard , il ajoute
avec l’emphase coutumière de l’époque:
« Il
est de la dignité de la Chambre de la République que
de pareils attentats , d’où qu’ils viennent et dont,
d’ailleurs nous ne connaissons pas la cause , ne troublent
les législateurs. »
Auguste
Vaillant, qui a lancé la bombe , est arrêté . Avant
d’être guillotiné deux mois plus tard , il explique
son geste par sa volonté de venger l’anarchiste Ravachol,
lui-même guillotiné le 11 juillet 1892 à la suite de
quatre attentats à la dynamite et qui , lors de son
procès , avait lancé à la Cour « La société est pourrie ».
Le
24 juin 1894 , un autre anarchiste , Caserio , assassinera
le président Sadi Carnot à Lyon en réplique aux mesures
d’exception contre la flambée d ’anarchisme .
Cette
flambée d’anarchisme prétend s’inspirer des enseignements
de Proudhon et de Bakounine , penseurs en rupture avec
le socialisme .
Elle
reflète surtout le malaise d’une époque marquée par
le scandale de Panama , l’affaire Dreyfus, les menées
chauvinismes et revanchardes , les rivalités coloniales
avec l’Angleterre , la volonté d’en découdre avec l’Allemagne
…
En
peu d’années , plusieurs présidents de la République
se sont succédés : Jules Grévy / Sadi Carnot / Casimir
Perier et maintenant Félix Faure .
Pour
répondre à une demande du notaire , Marie -Mathilde
demande un extrait de naissance le 13 juillet 1896 à
la mairie de Saint Andéol (traduc80.wps) . Elle demande
aussi un extrait de décès de son père Henri-Noël (traduc81.wps)
.
A
cette époque , en 1896 , Marie-Mathilde et sa sœur Marie-Émilie
qui ont reçu une éducation stricte , se sont beaucoup
investies auprès de leur mère et de leur frère . Elles
rêvent d’un avenir autre que celui de la terre . C’est
si dur ! Modernes , majeures , sérieuses , elles
prennent souvent le train pour découvrir Lyon
et Vienne . Elles lorgnent la ville , elles veulent
voir la modernité .
Parce
qu’elles sont filles de propriétaires terriens , elles
ont échappé à la féminisation du travail qui s’est
étendue au commerce et à l’administration surtout dans
les villes .
Dans
les usines , la condition du labeur des femmes est un
véritable esclavage pour un salaire moyen de misère
soit 2,10 francs par jour alors que les hommes
gagnent pour le même labeur 3,90 francs .
Les
deux sœurs font la différence entre les valeurs de leur
société terrienne et le monde ouvrier où la déchristianisation
est désormais un fait accompli à cause de l’essor industriel
. Pourtant des femmes vont s’insurger telle Louise Michel
qui s’allie aux premières militantes , aux premières
féministes , des Droits de la Femme pou obtenir instruction
et salaire décent . Leur idole est Victor Hugo .
La
première , rencontre cette même année le séduisant
Jean Louis MICHEL , brigadier de gendarmerie . Elle
n’est pas insensible à ce bel uniforme aux galons dorés
, les boutons brillant comme de l’or , les épaulettes
, bref … ce costume lui paraît prestigieux . (voir photo)
De plus comme beaucoup d’hommes à cette époque
, ce beau gradé au visage sérieux a une bouche a demi
cachée par une épaisse moustache à la gauloise … Il
représente l’ordre , la discipline , la moralité .
Pour
Marie -Mathilde qui a reçu une éducation rigoureuse
et religieuse ce métier qu’exerce son futur mari lui
plait . Après leur mariage , le couple va habiter à
Bas-en-Basset dans la Haute Loire . Blaise-Henri connaîtra
5 neveux dont un , Joseph , qui sera
prêtre.( à noter qu’un des autres fils , Henri Michel
chef de gare de la gare de Perrache à Lyon sera le parrain
d’Henri Dancette )
La
deuxième sœur , Marie Émilie trois ans après , se mariera
avec Joseph-Pierre Guernet qui habite Vienne (voir photo)
. Il travaille dans l’industrie du tissu : il
est apprêteur . Ils auront une fille . ( laquelle aura
aussi une fille qui s’amusera plus tard avec Marie-Paule
: la cousine Mayousse ) .
Cette
année au théâtre , Tchekhov fait jouer “La Mouette”
à Saint Pétersbourg , et à Paris Alfred Jarry fait représenter
“Ubu roi” .
Le
13 janvier 1898 l’article de Zola “J’accuse” est publié
dans L’Aurore , journal de Clémenceau . Il provoquera
un scandale retentissant . Quelques mois après , la
découverte d’une fausse preuve fabriquée rend inévitable
la révision du procès .
Marie
Curie découvre le polonium , et le radium quelques mois
plus tard . Elle recevra le prix Nobel en 1903, avec
son mari Pierre Curie et Henri Becquerel , découvreur
en 1896 de la “radioactivité” (le terme est de Marie
Curie )
En
Afrique du Sud , la guerre des Boers éclate . Après
quelques succès , les Afrikaners autour du président
Kruger , doivent capituler . Après leur victoire , les
anglais se livrent à de terribles représailles.
En
Allemagne , la firme Bayer commence à commercialiser
l’Aspirine , identifiée dès 1876 .
En
France , les oeuvres de Van Gogh et de Gauguin jouissent
enfin d’une certaine reconnaissance et influencent les
jeunes peintres que le critique Vauxalles appellera
“fauves” : Derain , Marquet , Friesz , Van Dongen, Vlaminck
.
Le
Président de la République , Félix Faure , meurt le
16 février 1899 à l’Élysée d’une attaque d’apoplexie
. La petite histoire raconte qu’il était en galante
compagnie avec sa maîtresse ... La police demandant
au maître d’hôtel au téléphone si le Président était
conscient , il répondit « qu’il était avec sa connaissance »
…
Aux
États Unis , l’essor de la presse coïncide avec l’apparition
des premières bandes dessinées populaires dont le succès
sera tel qu’elles serviront d’arguments de vente dans
la guerre que se livrent les journaux . Le Jazz , style
Nouvelle-Orléans prend son essor .
Parmi
les amis de la famille Boud’huile ,on trouve les
POIRIEUX , amis de 30 ans ! ...
C’est
une vieille famille installée à La Rivoire commune de
Saint Andéol et aussi issue d’Échalas . ( voir documents
familiaux de 1815-1868 ) qui est apparentée aux familles
Coignat et aux familles Charles du côté paternel et
aux familles Pitival , aux familles Pitrat et à la famille
Joannon du côté maternel. Ils sont tous propriétaires
cultivateurs et aussi chapeliers et charpentiers.
A
cette époque , la France compte 36 012 669 habitants
. Parmi cette population , on relève 19 064 071 individus
qui vivent de l’agriculture mais ils ne sont que
7 275 613 propriétaires de leur terre qui la font
valoir , telle notre famille .
Blaise
depuis son enfance connaît Marie-Claudine qui
a juste 2 ans de moins que lui ( elle est née
le 16 juin 1870 ) .
Après
le temps , certes , des rires et des chants ... le temps
où l’on papote , l’on flirte , l’on minaude .... Bref
, on se plait !... Voici venu le temps pour Blaise Henri
, avant de devenir vieux garçon , de songer à fonder
une famille .
Depuis
déjà longtemps il a abandonné l’idée qu’il pourrait
lui aussi être tailleur d’habit comme son père, comme
son grand père . La charge de l’héritage veut qu’il
soit propriétaire-cultivateur . Le travail est
important. Il doit s’occuper de toutes les terres
de la famille qui sont disséminées autour de Saint Andéol
et dont la surface s’est agrandie ces dernières années
et aussi , il gère les terres de son oncle abbé à qui
il doit rendre des comptes . De plus , sa mère dominante
ne lui rend pas la vie facile . Elle veut tout voir
, tout savoir …
Elle est encore la Propriétaire rentière , pleinement
responsable de tous les biens de la famille !
Donc
, un beau jour du mois d’août , il se décide enfin ,
il a 30 ans et Marie-Claudine a 28 ans ! ( Ils ont tous
deux coiffé sainte Catherine ) . Le voici astiqué ,
cravaté, ganté et portant un chapeau qui se présente
devant la mère de Marie-Claudine pour demander la main
de sa fille .
Avec
le consentement et l’autorisation de leurs deux Mères
, Catherine Fournier et Claudine Joannon veuve de Jean
Marie décédé le 30 décembre 1877 , Blaise-Henri va pouvoir
épouser Marie-Claudine Poirieux qui habite au
hameau de La Rivoire (traduc82.wps) commune de Saint
Andéol . Un contrat de mariage est établi le 26 août
1899 . Marie Claudine n’a pas de profession .
C’est
le 8 septembre 1899 qu ’est célébré leur mariage civil
à la mairie de Saint Andéol .
En
cette période de l’année , pour ne pas perdre une journée
de travail dans les vignes et dans les champs, ils
ont choisi une cérémonie dans la plus stricte intimité
avec les inévitables mères et les témoins en la
personne du frère de la mariée , Nicolas Poirieux qui
est aussi cultivateur et Jean Marie Joannon , également
cultivateur . Se sont joints le boulanger François Garnier
qui a succédé au grand père Fournier et bien sûr
l’instituteur du village , sans oublier Monsieur le
Maire .
Imaginons
le lendemain …..
La
mariée coiffée , fardée , pommadée , parfumée a revêtu
une belle robe blanche toute simple . Adieu aux robes
de couleur des grands mères . Marie-Claudine s’est confectionnée
une jupe à la taille qui est soutenue par un petit coussinet
appelé « strapontin » . Son corsage est tout en dentelle
. Sa tête est couronnée de fleurs d’oranger .
Le marié est en habit noir . Ils sont magnifiquement
beaux .
La
messe et la bénédiction nuptiale sont assurées par l’Abbé
Antoine Fournier qui est curé à Saint Didier-au-Mont-d’Or
. Après les félicitations , après tous les bons
vœux de bonheur , c’est la réception qui réunit toute
la famille et tous les amis .
Le
jour même , Marie-Claudine s’installe chez son mari
. Elle a déjà installé tous ses meubles en place : armoire
à deux portes , table ronde . Elle a porté tout
son linge de maison : draps , essuie-mains, couvertures
, ses robes , le tout estimé à 600 Francs et …
ses bijoux .
La
nouvelle madame Boud’huile , à l’aube du XX° siècle
, fait partie de l’indiscutable majorité de françaises
( 58%) qui habitent la campagne et qui vivent
de la terre .
Au
cours des dernières années passées , de profonds changements
sont amorcés . Plus de solitude au sein du village .
Les garçons qui reviennent du service militaire racontent
un autre monde . Aussi pendant les veillées, on
ne ressasse plus les histoires des anciens , même
le patois se perd .
Marie-Claudine
qui sait lire et écrire se fait envoyer le catalogue
de mode des grands magasins et aussi prend un abonnement
au « Petit Echo de la Mode » . Elle regarde les belles
robes portées par les parisiennes , elle est surprise
par le corset à lacet : il faut vingt minutes pour le
lacer ...
Elle
n’a pas tous les jours le temps …et puis dans les jardins
: à quoi bon ... Par contre , elle veut bien , suivant
la mode du moment raccourcir ses jupes pour montrer
ses fines chevilles !
De
plus , curieuse , elle apprécie la littérature féminine
: Georges Sand , Anna de Noailles , Colette .
Elle sait que depuis 1861 , une femme à force de ténacité
a obtenu un diplôme : le baccalauréat . Elle voudrait
bien aller à Paris voir les expositions des peintres
impressionnistes , en particulier voir les tableaux
de Berthe Morisot qui , dit-on , a peint comme
on fait des chapeaux ! Et puis , on parle d’un
certain Moulin Rouge ! D’une danseuse appelée la Goulue
! En fait , elle se sent un peu étrangère à cette période
dite : « Belle Époque » qui s‘achèvera en 1914
(nul ne sait quand elle a vraiment commencé)
.
Ce
qui l’occupe avec joie , c’est son nouvel état : elle
attend un bébé !
Le
3 décembre de la même année 1899 , Catherine âgée de
52 ans fait une donation-partage de tous ses biens
(traduc83.wps) en présence du notaire . Sont présents
, bien sûr , Henri Blaise , mais aussi Blaise Boiron
agissant comme mandataire de Marie Mathilde ( sœur aînée
) mariée au gendarme Jean-Louis Michel . Sans
permission de sortie , ils n'ont pu se déplacer
. Il y a aussi Marie Émilie ( petite sœur ) avec
son mari Joseph Pierre Guernet . Ils habitent à Vienne
, au n° 3 de la rue Clémentine !
Un
partage en trois parts de tous les” immeubles “ est
établi . Chacun devra payer une rente viagère de
120 francs par an , appelée tontine , à leur mère .
Ils devront donner aussi chaque année , "
deux cent dix litres de vin rouge à la récolte , soixante
dix fagots de bois , et mille kilogrammes de charbon
" .
Henri-Blaise
devient propriétaire de :
-
La maison de St.Andéol .
-
La maison d’exploitation ( boulangerie )
-
La vigne et pré de Barny de 33 ares
(3300 mètres carrés)
-
La vigne et pré de Cloyeux de 42 ares (4200
- -
)
-
Une horloge ancienne et sa caisse à colonne 20
Francs .
Cette
même horloge majestueuse ,78 ans après , se retrouvera
dans un autre foyer.( voir photo d’une réunion familiale
émouvante de souvenirs figés à 15 heures précises ,
un dimanche chez Jean et Marie Paule Tunési à
Pont de Cheruy en 1977 ).
A
l’aube de ce nouveau siècle , c’est dans la joie et
le bonheur que naissent au nouveau foyer de Blaise-
Henri
et de Marie-Claudine les 4 filles du propriétaire-cultivateur
et vigneron :
Catherine
vient
au monde le 14 juin 1900
Clotilde-Louise
"
le
21 août 1901
Anne
Marie Antonia "
le
21 juin 1903
Laurentine-Louise
"
le
13 janvier 1906
Toutes
ces petites princesses vont réjouir et réchauffer
le cœur de cette famille si éprouvée .
Pour
la première fois dans l’histoire de la famille Boud’huile
, il n’y a pas de naissance d’enfant de sexe masculin
d’où l’extinction du nom Boud’huile .
Pour
faire face à cette nouvelle petite tribu , leur père
va déployer toutes ses forces et son savoir pour leur
apporter le bien-être . Elles vont grandir en recevant
la même éducation que leur parent : foi chrétienne ,
amour de la famille , amour du travail .
Pendant
ce temps ,
Le
premier dirigeable rigide conçu par Ferdinand von Zeppelin
et portant son nom effectue son vol inaugural. Toujours
en Allemagne et en physique , Planck publie sa théorie
concernant l’émission de l’énergie sous la forme de
quantités finies élémentaires: les “quanta” .
En
peinture , Claude Monet expose pour la première fois
, chez Durand-Ruel , les Nymphéas, qu’il peint depuis
1883 .
Le
30 mars 1900 , Alexandre Millerand soumet à l’Assemblée
une loi sur la durée du travail :
11
heures par jour pour les femmes et les enfants .
Et
oui , les grèves n’existaient pas ..... Et Marc Blondel
non plus ….
L’année
1900 est marquée par un double événement en France :
l’Exposition Universelle et presque dans le même temps
les jeux Olympiques . Paris ne vit que pour l’Exposition
et le baron Pierre de Coubertin,
a
beaucoup de difficultés en tant qu’organisateur de la
deuxième olympiade .
Depuis
1900 , un événement reconnu le plus marquant de cette
génération et qui va modifier les habitudes de nos grands
parents se produit : c’est l'ÉLECTRICITÉ qui arrive
à Saint Andéol . Plus de bougies , fin de la lampe à
huile, plus d’odeur , plus de servitude . On tourne
un bouton et la lumière jaillit … Vive le progrès
! Longtemps , nos grands parents loueront
ce nouvel acquis .
C’est
le 8 janvier 1901 que Claudine Poirieux grand mère de
la petite Catherine signe une convention avec la Société
Grenobloise de Force et Lumière ( traduc83.wps ) . Les
fils électriques pourront passés sur la maison et les
terrains aux frais et sous la responsabilité de la Société
.
…….…..
Le
22 janvier 1901 , la reine Victoria meurt . Celle que
l’on a surnommée “la grand mère de l’Europe” , en référence
à son illustre descendance , a marqué l’apogée de la
puissance britannique .
Aux
États Unis Théodore Roosevelt succède à Mac Kinley ,
tué par un anarchiste , à la présidence des États Unis
.
Ainsi
s’achève le XIX ° siècle ,
marqué
par la révolution industrielle dont les effets ont ravagé
les sociétés ,
remodelé
les idéaux et les sensibilités .
|