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 carnets de famille > treizième génération - Marie Paule Dancette - 1933-1978

 

 

introduction

1° génération Benoît Boudhuire 1557

 2° génération Claude Boudhuire 1575

 3° génération   Pierre Boudhuire 1600

 3° génération Jean Boudhuyre 1612

 4° génération Benoît Boudhuyre 1625

 4° génération Pierre Bouduire 1640

 5° génération Pierre Boduire 1660

 5° génération Pierre Boudhuile 1677

 6° génération Pierre Boduyre 1687

 6° génération Antoine Boduile 1709

 7° génération Pierre Boudhuire 1727

7° génération Etienne Boudhuire 1735

8° génération Pierre Boudhuile 1767

9° génération Pierre Boudhuile 1809

10° génération  Henri Noêl Boudhuile 1844

11° génération Blaise Henri Boudhuile 1868

12° génération Louise Boud'huile 1905

13° génération   

Marie Paule Dancette 1937

14° génération    Veronique Dancette 1960

15° génération    Mathias Lopez Dancette 1986

Album photos  1880-1929

Album photos  1930-1949

Album photos  1950-2002

 

 

13° GENERATION

 

  

generation 13, marie Paule, henri et Georges

 

  

Le Nazisme au Pouvoir  et  L’offensive Hitlérienne

Front populaire 36/38

Le Conflit Mondial  1939 - 1945

Yalta   

De Gaulle au pouvoir    

………………..

 

 

        DALADIER devient président du Conseil .

        Le 30 janvier 1933 , dix ans après le putsch manqué de Munich et dix ans , presque jour pour jour , avant la capitulation du maréchal Paulus à Stalingrad qui marque le grand tournant de la Seconde Guerre mondiale , Adolf Hitler est appelé au pouvoir en Allemagne . Le maréchal von Hindenburg , chef de l’État , qui méprisait pourtant le “caporal bohémien” , s’est résigné à lui confier la chancellerie pour tenter de remédier au chaos dans lequel s’enfonce le pays . Certains , qui se croyaient malins , pensaient que l’exercice du pouvoir userait l’agitateur  nazi avant de le discréditer et qu’alors les choses reprendraient leur cours naturel . On sait ce qu’il advint . En un temps record Hitler , ayant éliminé toute opposition légale , devient le maître absolu de l’Allemagne .

 

        Le 27 février 1933 , à Berlin , le Reichstag prend feu . Dans l’immeuble du Parlement , la police se saisit d’un Hollandais communiste à moitié fou , Marinus van der Luba . Il sera considéré comme responsable de l’incendie et exécuté .

 

        Dans les faits , le doute demeure . Certains historiens pensent que le soir du 27 février , un détachement de section d’assaut (SA) nazies aurait emprunté un passage souterrain menant de la demeure de Hermann Goering au Reichstag et y aurait répandu des produits hautement inflammables . La présence de Van der Lubbe sur place au même moment , allumant de son côté de petits foyers d’incendie , n’aurait été qu’une coïncidence à moins que des agents nazis aient poussé le Hollandais à la faute .

        Toujours est-il que Hitler sut habilement tirer parti de la présence de ce pyromane.

        Sitôt après l’incendie , Hitler révèle sa véritable nature . Dès le 28 février , il attribue l’incendie à un prétendu complot communiste et fait arrêter 4000 responsables du parti . Après différentes manœuvres politiques , le 31 mars il dissout les Diètes( assemblées législatives ) des différents états qui composent la République allemande , à

l’exception de la Prusse . L’Allemagne devient sans coup férir un État centralisé .

 

        Comme beaucoup de français , nos parents suivent attentivement les informations générales et en particulier les évènements qui se passent outre Rhin .

        Pourtant notre nouveau ménage est absorbé par les prochains préparatifs de leur cadre de vie :

 

        D’abord , il y le déménagement , la famille Jean Dancette va habiter au 39 de la rue Victor Hugo toujours à Vienne dans un appartement plus adapté à leur nouvelle attente car un événement est annoncé :

                         

        C’est le 6 juin 1933 que  naît , dans une rose , une merveilleuse petite Marie Paule au foyer de Jean et Louise .

 

        Malheureusement,  quelques temps plus tard , le grand père Blaise-Henri décèdera le 6 juillet 1933 dans sa maison , rue Vimaine . Il va rejoindre son pays natal où il sera enterré avec tous les siens à Saint Andéol .

 

        A Marseille , le 9 octobre 1934 un séparatiste macédonien , membre de l’Oustachi, assassine le roi Alexandre 1° de Yougoslavie et provoque la mort du ministre des affaires étrangères Barthou .

 

        Depuis peu de temps , la   « traction avant » Citroën  règne sur les routes et fait rêver mon père . A la même époque , la musique de Gershwin ( Porgy and Bess ) arrive sur les ondes françaises ainsi que le magnifique Concerto pour piano de Stravinsky .  

 

        Jean Dancette est ambitieux , pour améliorer sa situation , il va passer un concours pour entrer à la Police . Au début de l’année 1935 il devient Gardien de la Paix . Le trio  familial  s’installe 7 Quai Anatole France .

 

        Un autre événement majeur de société va se produire . Une nouvelle approche de façon de vivre va révolutionner des familles entières , dont la nôtre :

        

        Le 5 mai 1936 Le Front Populaire remporte les élections législatives et le 11 mai , les premières grèves avec occupation d’usines sont organisées à Courbevoie , Toulouse et au Havre . Début juin , un gouvernement du Front populaire est mis en place . Devant le succès de la grève générale , les syndicats et le patronat vont signer les accords de Matignon . Les ouvriers obtiennent entre autres :

 

 la semaine des quarante heures , les congés payés et le droit syndical dans les entreprises .

 

        Extrait d’article “Le front populaire vient de prouver qu’il est le gouvernement de la paresse” ! Sous l’impulsion de Léo Lagrange , sous-secrétaire d’état aux Sports et aux loisirs , la semaine anglaise est instituée , deux semaines de congés payés sont accordées à tous les salariés .

 

    Aussitôt , la joie au cœur , nos parents échafaudent leurs futures vacances …

        

        Au mois de juillet de la même année , la guerre civile est déclenchée en Espagne , amenant Franco au pouvoir , aidé par l’aviation allemande qui utilise cette guerre pour tester ses nouveaux avions et les bombardements en piqué sur Guernica . ( Picasso l’année suivante représentera ce que fut cette bataille )

 

        En fin d’année Hitler et Mussolini proclament l’Axe Rome-Berlin.        

 

        Pendant trois ans , la princesse Mimie est adulée par ses parents . Elle apprend qu’elle va bientôt avoir un petit frère ou une petite sœur . Elle rêve de jouer à la maman …

        C’est le 9 février 1937 , à  sept heures du matin  , les mains ouvertes , que vient au monde pour la plus grande joie de toute la famille un garçon que l‘on appelle Henri Noël Gérard .

        On raconte même à la petite Mimie que son petit frère est né dans un chou !… Pourtant on l’a amenée à la Clinique Trenet à Sainte Colombe …

 

        Jugeant que l’appartement est devenu trop petit ,  notre quatuor n‘hésite pas : nouveau déménagement , au n° 5 de la rue de Gère , tout proche de chez tante Catherine qui pour sa plus grande joie  va pouvoir s‘occuper de sa nièce et de son neveu.

 

        Henri est baptisé à l'église de Saint Martin le 7 mars de la même année . Il a pour parrain  Henri-Louis MICHEL , cousin maternel qui habite Lyon . La marraine , Noëlle Clamon  est la fille de Henri Clamon , receveur des Postes à Vienne , grand ami de Jean . Tous deux s’adonnent avec délice aux joies de la scène au  théâtre de la ville  . (  Le monde est petit .. La famille Clamon , est originaire de Villeneuve les Avignon , où elle résidera pour leur retraite ) .

 

        Le gouvernement décide alors que le 1° mai , fête du travail , sera une journée chômée . La même année , les cinq compagnies ferroviaires privées sont nationalisées sous le nom de la SNCF .

        Le 24 septembre , le gouvernement décrète la mobilisation d’une première catégorie de réservistes .

 

        Pourtant à cette époque , des films cultes sont produits :

 

    - Les Temps Modernes de Chaplin

                                                                                         

    - La Grande Illusion de Renoir

                                                                                         

    - Autant en Emporte le Vent de Margaret Mitchell

                                                                                         

    - Blanche Neige et les Sept Nains en dessin de Walt Disney

 

        Malraux écrit une fresque historique : l’Espoir

        Le Livre de Poche récemment crée est à la portée de toutes les bourses .                                              

 

        Le 10 mars 1938 , les troupes allemandes pénètrent en Autriche après la démission du chancelier Schuschnigg qui est remplacé par le nazi Seyss-Inquart . Le 15 , l’Anschluss est proclamé . L’annexion est plébiscitée le 10 avril .

        

        L’été 1938 est marquée par des vacances familiales extraordinaires: les plus belles! Grâce aux congés payés . Vive la démocratie !

        Nous sommes tous réunis au bord de la mer . Admirons tous les acteurs figurant sur cette photographie prise sur la  plage : Jean , Louise , Mimie et son petit frère Henri et aussi les cousins  Mayousse . Ce sont les dernières traces d’ un bonheur familial d’avant guerre …        

 

        Le 30 octobre , Chamberlain et Daladier cèdent à Hitler et à Mussolini , lors de la conférence de Munich , et acceptent l’annexion des Sudètes .

        

        En fin d’année , les ministres des Affaires étrangères allemand et français signent un pacte de non-agression . Daladier affirme ainsi sauver la paix en Europe .

        Au États Unis , Welles fait une adaptation de “La guerre des mondes” à la radio . Malgré les avertissements qui émaillent la pièce , un vent de panique se lève et des milliers d’américains croient à l’invasion martienne .

        

        Quelque temps après , Henri est victime d’une hémiplégie cérébrale provoquant une paralysie de la jambe droite vraisemblablement due à une atteinte poliomyélitique . Le docteur traitant , Mounet , le soigne pour une poliomyélite  avec divers traitements non efficaces .

 

        En mars 1939 , les troupes allemandes entrent en Bohême et occupent Prague . Début septembre  la Pologne est envahie . Le trois septembre , l’Angleterre puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne .                                       

 

        Le 2 septembre 1939 , le soldat Jean Dancette est rappelé sous les drapeaux , au 22° R.I.C. . Il a un ordre de mission et un Laissez - Passer datés et signés le 19 septembre 1939   par le Commandant de Compagnie  du 4° R.T.S. Jean est affecté au 22° Régiment d'infanterie coloniale comme chauffeur du Commandant.  Nous sommes à la veille du désastre annoncé.  (voir doc. Annexe Histoire du R.C.I.)  

 

        La France et l’Angleterre s’engagent à ne signer ni armistice ni paix séparés .

        Le 10 mai 1940 , invasion de la Belgique .      

        Les 13 et 14 mai 1940 , la défaite des alliés à Sedan met fin à la “drôle de guerre” .

        

        Le 22° R.I.C. ( régiment de mon père ,voir doc annexe Histoire du 22° RIC) est engagé dans la guerre le 27 mai 1940 , en élément de renfort de la 4° Division Cuirassée et attaque la tête de pont allemande d’Abbeville . Le 28 mai 1940 , la Belgique capitule .

        Du 29 au 30 mai , le 22° R.I.C. s’empare des positions ennemies sur une longueur et une largeur de 5 kilomètres , fait 200 prisonniers et se bat jusqu’au 2 juin . Le 3 juin , fin de l’évacuation anglaise de la « poche de Dunkerque » .

        

        Jean Dancette , avec les restes de son régiment , est fait prisonnier de guerre le 12 Juin 1940 sur les côtes françaises près de Saint Valéry en Caux sur la Manche . Il se retrouvera à Magdebourg au Stalag XIA , sous le numéro 99476 comme “sanitäter” infirmier . (voir doc. Annexe Stalag XIA)  

        Jean Dancette aura une aversion profonde pour les allemands,  mais aussi pour les anglais . Il s’était retrouvé dans les troupes prises entre les tirs des allemands qui les repoussaient et celui des anglais qui refusaient de les embarquer ...Quelques cartes spéciales de correspondance appelées  "Kriegsgefangenenlager" camp des prisonniers attestent de ces années terribles pour beaucoup.

 

        Le 14 juin 1940 , les Allemands défilent dans Paris .

        En 1940 , plus de 1.800.000  soldats français ont été faits prisonniers , 1.600.000  d’entre eux ont ensuite connu la captivité en Allemagne , dont près de 1.000.000 pendant cinq ans . La captivité a frappé toutes les couches sociales et toutes les classes d’âge entre 18 et 50 ans . Les P.G. sont , pour plus de la moitié , mariés et souvent pères de famille .

        Plus qu’un simple épisode de la Seconde Guerre mondiale , la captivité est un phénomène social sans précédent . Privés de liberté , en exil en terre étrangère , séparés de leur foyer , torturés par la faim , contraints de travailler chez l’ennemi , tel est le cas de mon père qui se retrouve dans les Commandos . Les P.G. , dit simple soldat de Stalag à l’officier d’Oflag , forment un monde divers et à part . 4% seulement d’entre eux réussiront leur évasion et 40 000 mourront en Allemagne . Le travail exécuté dans des conditions souvent très dures , les met en contact direct avec la population allemande . Certains “privilégiés” sont employés dans des fermes ... Mais d’autres connaîtront les chantiers , les carrières , l’usine ou la mine . Le retour , la réinsertion ne seront pas faciles non plus .

        Les hommes ont souffert . Ils ont changé , la France aussi . Il leur reste à réapprendre à vivre . (voir annexe: la mémoire repliée des prisonniers p.64 )      

        

        Le 10 juin , Mussolini déclare la guerre à la France et à la Grande-Bretagne .

        Le 14 juin , l’armée du Reich défile sur les Champs -Elysées . Pétain , nommé à la présidence du conseil , demande au Reich les conditions de l’armistice .

        Le 18 juin , De GAULLE , depuis Londres , appelle les Français à refuser la “Paix” . Il crée , le 22 , la France libre . L’armistice franco-allemand prévoit , notamment , l’occupation des 3/5 du territoire et fixe le tracé de la ligne de démarcation .

        

        Pendant ce temps ,

        à Montignac en France , quatre enfants découvrent par hasard , la grotte de Lascaux célèbre pour ses peintures et gravures ( environ 15 000 ans avant J.-C. )

        Aux États Unis , le cinéma s’enrichit d’un nouveau film : « La Chevauchée Fantastique » . Un classique  du Western de Ford .

        Exilé aux États Unis , comme beaucoup de peintres alors , Utrillo envoie ses toiles à Paris pour les exposer .

        Parution du roman de Steinbeck : « Les raisins de la colère » , qui décrit les conséquences sociales de la dépression .

        

        Le 24 octobre 1940 , Hitler rencontre le Maréchal Pétain qui est devenu Président du Conseil .

        Sous la pression du Reich , la France se dote de son propre organisme de répression antisémite, le Commissariat général aux questions juives . L’année 1941 sera marquée par le second statut des juifs et le début des déportations massives .

        En Allemagne le décret Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) officialise partiellement la solution finale . Il stipule que les déportés politiques doivent être exterminés .

 

        Familles , je vous aime : le 25 mai 1941 , le gouvernement de Vichy invente La Fête des Mères !

 

        Au matin du dimanche 7 décembre 1941 , des nuées d’avions japonais attaquent par surprise la flotte de guerre américaine à Pearl Harbor , sur l’île d’Oahu . Le code de déclenchement de l’attaque est « Tora,Tora » (tigre en japonais) . Les 183 avions de la première vague d’assaut piquent sur les navires rangés dans la rade (90 au total) . Les premières torpilles frappent à 7 h40 . Une deuxième et dernière vague frappe la base à 9 h45 . En deux heures , les Japonais auront détruit ou endommagé huit cuirassés , trois croiseurs , trois destroyers et quatre navires auxiliaires . 188 avions ont été aussi détruits . Au total 2 403 marins américains ont été tués . Fort heureusement , les trois porte-avions affectés au Pacifique ne sont pas présents sur les lieux .

 

        L’attaque de Pearl Harbor entraîne le Japon et les États -Unis dans la deuxième guerre mondiale .

 

        A partir du 29 mai 1942 , les Juifs sont soumis au port de l’étoile jaune ; entre le 16 et 17 juillet , la police procède à une rafle sans précédent . Au total 12 884 Juifs sont arrêtés , conduits au Vél’D’Hiv ou à Drancy , puis déportés .  Le 11 novembre , au lendemain du débarquement des alliés en Afrique du Nord , la Wehrmacht franchit la ligne de démarcation . A Toulon , l’amiral de Laborde ordonne le sabordage de la flotte le 26 novembre suite à l’attaque allemande contre la flotte française .

        En 1943 , le Service du Travail Obligatoire (STO) est institué . Jean Moulin est arrêté et torturé , Il meurt lors de son transfert en Allemagne .

        A Varsovie la communauté juive du ghetto se soulève  mais est anéantie après quatre semaines de résistance .

 

        Sartre expose ses thèses existentialistes dans “l’Être et le Néant” qui va influencer profondément le mouvement philosophique  selon lequel “l’existence précède l’essence” .

        Saint Exupéry publie aux États Unis :  « Pilote de Guerre » et le célèbre « Le Petit Prince » .

        Albert Camus a déjà écrit « l’Étranger » .

        Hemingway fait paraître  : « Pour qui sonne le Glas » . Ce livre est inspiré par la guerre en Espagne .

        Orson Welles a réalisé « Citizen Kane » , film sur la presse à travers l’histoire .

        Chaplin dans le rôle du « Dictateur »  qui est un pamphlet antinazi incarne le sosie d’Hitler.

        A cette même époque , Gérard Philippe fait ses débuts au cinéma dans Sodome et Gomorrhe .

                 

        Depuis le début de la guerre et en l’absence de notre père , captif en Allemagne , et ce , pendant les cinq années suivantes , notre mère et ses enfants Marie-Paule et Henri continueront d’habiter rue de Gère . Pour faire vivre sa famille , elle travaillera à son domicile comme « rentrayeuse » . On lui apporte deux fois par semaine des rouleaux de draps de laine de 2 mètres 50 de large et de plusieurs mètres de long . Son travail consiste à examiner de près le tissu et de réparer les fils cassés . C’est un travail long et pénible pour les yeux . De plus , ces draps sentent le suif et cette odeur imprègne l’appartement et nous suit partout .

Elle est payée à la semaine pour chaque pièce rendue  .  (voir annexe « Guerre , femme et Nation en France » 1939 -1945 pages 78 à 86) .

 

        Nous allons vivre ainsi ces années de façon très difficile , comme la grande majorité des français . Difficulté d’approvisionnement avec les cartes de rationnement , chauffage parcimonieux au charbon , hantise des bombardements ... et toujours à l’affût du facteur porteur des nouvelles de notre  prisonnier . Plusieurs courriers toujours censurés sous forme de cartes-lettres de papa évoquent cette période . De même , nos recevons des photos de mon père qui le représente avec ses camarades de camps . Nous sommes heureux de constater qu’ils passent des moments divertissants . Ils ont l’intelligence d’occuper leur loisir sainement : ils font du théâtre . En fait , tous ces  captifs  arrivent à monter de vrais spectacles . Ils font preuve d’imagination car plusieurs photographies  témoignent de scènes diverses , ils arrivent même à camper des rôles féminins …  

        

        Heureusement , Maman reçoit le soutien affectif de tante Catherine . Parmi toutes les lingères qui travaillent à  l’hôpital , notre marraine a pour amie Louise Sartre et sa soeur Angèle . Maman deviendra à son tour leur amie . Angèle aura un rôle prépondérant dans la famille , surtout auprès de Georges  quelques années plus tard . Louise et Angèle sont issues de Chaumartin , un hameau en  dessus de Sainte Colombe . Grâce à elles , nous apprécions la campagne et nous y trouvons une bonne nourriture complémentaire que l‘on ne trouve pas à l’épicerie du quartier . Nous y passons des étés dans une annexe de la ferme qui existe toujours . Une photo de papa devant la porte rappelle ce lieu .

          

        Courant 1943 ,

 

        en grandissant l’handicap de la  jambe droite d’Henri ne s’améliore pas . Il est convié à une  visite médicale à Lyon à la Clinique Jeanne d’Arc auprès du docteur Nové-Josserand qui trouve une solution pour  pallier à cette atrophie musculaire qui devient importante . Il l’opère en sectionnant le tendon d’Achille et fracture le pied pour le redresser…Bien sûr , Henri subira la douleur , le plâtre , l’humiliation d’être obligé de se déplacer dans une voiture de bébé… à 6 ans …  Pronostic donné : restera une discrète atrophie musculaire . Souvenir de cette période sur photo …

 

        Pendant cette période de guerre , nous aurons souvent la visite , l’affection , et l’encouragement de la sœur de maman , Antonia qui est installée à Saint Etienne avec  son mari Pierre Ogier . Ils ont quatre garçons:  Paul , Bernard , Jacques et Michel le dernier . Des photos prises entre 1941 et 43 nous représentent enfants chez le grand père Dancette (voir photo) qui habite dans les dépendances du château Colas , place d’Arpôt à Estressin . Il est retraité et fait office de jardinier . Ce bâtiment sera réquisitionné par les allemands , d ’abord il servira à abriter des services douaniers  puis la Gestapo  s’y installera à partir de 1943  .       

        

        A cette même époque , nous nous retrouvons tous dans la maison qui fut celle de notre grand père maternel , rue Vimaine et qui appartient maintenant à nos cousins  Mayousse qui occupent le rez-de-chaussée et le premier étage . Un grand jardin  et quelques pieds de vigne  permettent des réjouissances annuelles au moment des vendanges : un petit pressoir duquel sort un précieux jus…qui nous régale . C’est la fête !

 

        Dans cette habitation , loge aussi au second étage la famille Berjot , dont la fille aînée Rolande est une amie de Josette Mayousse donc de Marie Paule et bien sûr de Micky Tunesi , toutes quatre fréquentent la même classe dans la même école …   

                

        Maman est très triste d’apprendre la mort de Tante Clotilde chez les religieuses  le 29 janvier 1944 .

 

        En mars 1944 les résistants sont organisés en maquis . Celui du plateau des Glières en Haute-Savoie est anéanti après de sanglants affrontements . Les maquisards du Vercors subiront le même sort le 23 juillet.       

        Le 6 juin 1944 , au jour J , l’opération Overlod est déclenchée : les Alliés débarquent en Normandie. Le 10 juin , le massacre d’Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne fait de ce village le symbole de la barbarie nazi .

        Le 20 juillet 1944 , Hitler échappe à un attentat .

Après avoir libéré la Normandie , les Alliés débarquent entre Saint Tropez et Saint-Raphaël le 15 août. Et , en fin du mois , l’insurrection des Parisiens et l’arrivée de la 2° DB de Leclerc libèrent Paris .

 

        L’année 1944 sera marquée  par six bombardements des alliés , de mai à août , sur notre région . On vise le nœud ferroviaire de Givors -Grigny-Chasse , ainsi que les hauts fourneaux de Chasse . La ville de Givors sera gravement touchée . Nous nous réfugions sur la route de l’hôpital , car si , pour le premier bombardement nous étions dans les caves , les aînés nous ont appris  par la suite le drame des personnes ensevelies sous les ruines .

 

        Le 15 août 1944 , les alliés débarquent en Provence , avec la 1° armée du Général de Lattre de Tassigny  qui libèrera la vallée du Rhône en repoussant les troupes allemandes .

 

        Cette année là , le droit de vote est accordé aux femmes par de Gaulle .

 

        Une découverte importante vient d’aboutir aux États Unis : Mccarthy et Macleod identifient la substance chimique qui constitue la patrimoine génétique : (ADN) ou acide désoxyribonucléique .

                

        A Vienne , les allemands tirent sur les maquisards qui attaquent de toute part  . Ils sont encouragés par l’arrivée annoncée des troupes alliées qui remontent la vallée du Rhône .

        

        Prévoyante , Maman décide de quitter Vienne pour la période des vacances . Nous trouvons refuge à Chaumartin  . Pendant les mois de juillet et d’août 1944  nous assistons aux bombardements . Dans la nuit du 26  au 27 juillet  pour dérouter la DCA , les avions lâchent des serpentins en aluminium qui font du bruit et apeurent tout le monde , car on ne connaît pas leur utilité . On se cache dans les fossés à ciel ouvert …

 

        En principe , dans cette verdoyante campagne , nous devrions être tranquilles … Mais les maquisards du Grisard à travers les bois viennent tirer sur les Allemands qui

s ’enfuient par la nationale 86 en direction de Givors . Au passage , ils réquisitionnent les charrettes , vélos , tracteurs pour fuir les troupes alliées . De la ferme d’où nous nous trouvons , située sur le haut d’une colline qui surplombe la vallée du Rhône , à notre manière , nous assistons en direct à  la guerre , car les allemands ripostent en grimpant les coteaux et tirent dans le hameau . Nos cœurs battent d’effroi …

 

        Fin août , début septembre , les troupes alliées arrivent enfin à Vienne . C’est la Libération tant attendue . Nous revenons à Vienne : c’est la rentrée scolaire . La chasse aux collaborateurs est engagée avec toutes les exactions qu’elle provoquera .

 

        Le 16 décembre 1944 , les allemands opèrent une contre offensive dans les Ardennes . Le 22 , les américains sont encerclés à Bastogne . La bataille est rude jusqu’au 8 janvier , qui marque le retraite allemande .

 

        Je découvre un jour , avec maman et Marie-Paule , en nous promenant sur le bord du Rhône , à la hauteur de l’ école Robin , une quinzaine de femmes malmenées , tapées , insultées . Mes yeux sont attirés par leur  tête entièrement rasée . Je suis choqué car pour la première fois de ma vie j’assiste à l’aspect dégradant du comportement des hommes .

        Ces excès se produiront partout en France , allant jusqu’à des exécutions sommaires . (Voir doc. annexe  les femmes tondues ).

  

        Le 31 mars , le général De Lattre de Tassigny et la 1° armée franchissent le Rhin . De leur côté , les Russes font le forcing pour arriver les premiers à Berlin le 17 avril .

 

        Nous serons sans nouvelles de Papa , pendant plus de six mois , jusqu’à sa libération . Maman est très inquiète car les rares informations indiquent des combats violents dans la zone où il réside . Toutes les communications sont coupées , d’autant que cette partie de l’Allemagne est envahie par les troupes Russes .   

 

        Début 1945 , l’heure est à l’épuration en France . En Pologne , l’entrée de l’Armée rouge dans le camp d’Auschwitz révèle au monde l’ampleur du génocide commis par les nazis . Fin avril , Mussolini est arrêté et exécuté par la résistance italienne . A Berlin , le 30 avril , Hitler et Goebbels se suicident . Dans la nuit du 7 au 8 mai 1945 , l’Allemagne capitule sans conditions .

        A San Francisco 50 états signent la charte des Nations unies , l’ONU est née . Les 6 et 9 août les explosions atomiques sur Hiroshima et Nagasaki conduiront le Japon à capituler .

 

        Enfin ,

        

        Le 11 avril 1945 , nous sommes des milliers à la gare de Vienne . On attend un train qui arrive de Paris avec des prisonniers libérés . Victoire , on  fête le retour de captivité de Jean Dancette ! .

        Une vie familiale se recrée dans notre foyer . Je fais la connaissance de mon père …. car j’avais 2 ans lorsqu’il est parti à la guerre et maintenant à son retour , j’ai 8 ans …son physique ne correspond à aucun souvenir . Je ne reconnais pas cet homme  édenté , maigre , qui me prend dans ses bras et m’embrasse avec effusion .

        

        Curieux !!.. avec le retour de papa , je fais la connaissance de mes oncles Dancette … Louis habite à Saint Fons , il travaille chez Berliet . Victor arrive de Paris les bras chargés de clémentines et d’oranges , fruits que nous découvrons avec plaisir .

J’apprends qu’il s’occupe de livres … , entre autres « La Bête est morte » , qui restera comme un monument de la BD d’après guerre (voir photo) . Il a écrit le texte et son ami Calvo  l’a illustré . Grâce à lui , je vais découvrir la collection Rouge et Or dont les romans vont me permettre  de passer de bons moments . Je lis aussi avec intérêt les aventures de Tintin et Milou qui se lance dans sa  « première enquête au pays des Soviets » , mais aussi Tarzan , Flash Gordon , et bien sûr Les Pieds Nickelés …   

 

        Pétain revient à Paris , se constitue prisonnier , interné il est condamné à mort . Il sera gracié par de Gaulle.

 

        On peut considérer comme assez exceptionnel historiquement l’enfermement collectif pendant plusieurs années des forces vives d’un pays. Quel en fut l’impact ? Pacifisme, rapprochement avec l’Allemagne, propagande communiste, Pétainiste, honte et repli sur soi ... ? demande B.

        Si par prisonniers, vous comprenez "prisonniers de guerre" retenus dans les stalags et oflags, vous touchez effectivement à un groupe très nombreux, le plus nombreux même, et manifestement le plus oublié et méprisé par la mémoire collective.

 

        Il y a 1 850 000 prisonniers en 1940. Ils sont encore 940 000 en 1944-45. Beaucoup d’entre eux ne sont libérés seulement en 44-45 et 37 000 ne rentreront jamais, morts en captivité. Robert Franck, dans un article des Cahiers français, montre qu’ils présentent les caractéristiques des poilus en terme de valeurs : fraternité, solidarité, et haine de l’Allemand ( dans un premier temps) qui les a retenus, amplifiées certainement par le long enfermement. Pourtant, rapidement après guerre, leurs associations ont été acquises au rapprochement franco-allemand des années cinquante.

 

        Mais, à la différence des poilus de 14-18, leur parole a été discrète et l’écoute rare: ils symbolisaient la défaite de l’armée de 40, l’origine de l’occupation.

        Un pays n’aime pas les soldats vaincus !

        Ils ont souffert des discours et "préoccupations" de Vichy à leur sujet . Il me semble que le silence de la "honte" a été pire pour ceux qui ont été libérés dans le cadre de la Relève. C’est le poids de la collaboration et du pétainisme qui

s’étend aux « libérés malgré eux » .

 

        Pour ceux qui se sont évadés et qui ont parfois ( souvent ? ) rejoint la résistance en 42-43 , le mérite de l’évasion reste bien confidentiel.

        Ils ont souffert aussi de la "concurrence" des déportés, dont les conditions d’enfermement étaient plus "glorieuses" ( la résistance, même si ce n’était pas l’unique fait de déportation, on l’oublie) et plus dures - encore que dans certains stalags , la vie ait été particulièrement difficile - .

 

        Il est symptomatique de les voir rejetés à la fin de la guerre par les Associations d’Anciens Combattants de 14-18 et se regrouper dans des associations distinctes des autres , généralement assez discrètes. Il est symptomatique aussi de voir ces mêmes associations d’Anciens prisonniers de guerre s’ouvrir aux prisonniers d’autres conflits, Indochine et Algérie, qui présentent les mêmes similitudes : pas de victoire et retour au pays, dans le silence des vaincus. Alors oui, il y a eu "mémoire repliée", un repli imposé certainement par les fameux mythes de la libération : Résistance et Victoire finales ne laissaient pas place aux vaincus de 40. (Voir doc annexe :Commentaire de Mme Py)

 

        La IV° république est née le 13 octobre 1946 . Blum accède à la présidence du Conseil .

 

        Un an après le retour de mon père , la famille s’agrandit avec l’arrivée de mon petit frère  :

 

          Georges  naît le 17 mai 1946 , à la Clinique Trenel de Sainte Colombe .

 

        Neuf ans nous séparent . Marie Paule n’est pas particulièrement ravie d’être la grande sœur d’un petit frère qui a 13 ans de moins qu’elle .

        Papa a repris ses fonctions à la Police . En déportation , il a vécu pendant deux ans avec un avocat qui lui a donné des cours de droit en particulier sur le code civil et pénal . Dans son travail , il va mettre à profit tout ce nouveau savoir … Il va avoir  la responsabilité du « bureau des étrangers » .

 

        Pour la quatrième fois , j’assiste au déménagement de la famille . Nous allons vivre rue Vimaine au numéro 106 , s’il vous plait ,  dans un château avec un vrai grand parc , le Château Galland  , qui est situé près de la maison de nos cousins Mayousse ...

        Notre habitation est indépendante du château et donne sur la rue Vimaine . Elle possède 2 chambres et 1 salle à manger dans laquelle je dors sur un petit canapé pliant . Mais mon antre préféré dans lequel je passe de bons moments à jouer et à rêver c’est le parc où j’ai fabriqué une sorte de cabane sur un arbre .

 

        Le dit château est occupé par Madame Galland et sa mère Madame De Lalonde qui possèdent quatre pékinois hargneux qui ont une odeur repoussante  . Maman fait office de concierge pour ouvrir et fermer le portail ! ... Nous croisons souvent la voiture de Monseigneur Galland , frère de Madame , archevêque à Notre Dame de Fourvière à Lyon .

 

 

        Un jour , Maman toujours très impressionnée par la perte de sa sœur Clotilde , rêve que celle-ci lui annonce que le lendemain elle pourra la voir monter au ciel sur un petit nuage rose ! Elle nous réveille et nous fait part de cet étrange songe .

        Tous les trois dans le parc , Maman  , Marie-Paule et moi , fidèles au rendez-vous donné , nous avons bien vu ce singulier petit nuage disparaître dans le ciel   ….   

        Cette histoire fut racontée par maman à sa sœur Antonia qui l’a transmise à son mari , lequel ,  dans  un courrier envoyé à maman , écrit : « Elle est en effet assez singulière pour ne pas y rattacher comme il convient une relation avec vos désirs propres. Je crois en une mystérieuse matérialisation de la promesse donnée … »

        A cette époque , notre oncle Pierre Ogier imprimeur à Saint Etienne disparaît tragiquement , au mois d’août 1947 , à l’âge de 39 ans . C’est un grand drame pour toute la famille . Tante Antonia courageusement va élever ses 4 fils . Elle s’installe à Lyon près de Fourvière et sera bibliothécaire à la Faculté Catholique .  

 

        Par la suite , avec mon cousin  Paul Ogier , nous allons nous retrouver en pension à la Manécanterie de Fourvière à côté des… Jésuites !  Notre première sortie sera possible quand nous aurons assimilé le chant grégorien . Nous nous en tirons assez bien , car au bout de un mois , nous avons notre permission de sortie . Mais certains élèves seront pensionnaires jusqu’à Noël , sans aucune sortie…Cette période marquera le début de mon indépendance .       J’ai 10 ans et je prends seul , le dimanche soir  , un car des transports « Citroën » pour aller à Lyon - Perrache , là , je saute sur la plate forme arrière d’un tramway pour descendre face à Saint Jean . Je cours pour attraper la ficelle qui monte à Fourvière . Mais , souvent , elle est déjà partie . Je gravis donc à pieds les escaliers derrière Saint Jean . Et alors … la peur au ventre , dans le noir , je cours et j’enjambe plusieurs marches à la fois avec ma valise de linge à la main … Puis , quelques temps après , j’apprends très vite à monter dans le tram sans payer en sautant d’un wagon à l’autre pour échapper au contrôleur … Je sais que c’est très vilain   !!   

 

        Je vais rester deux ans dans ce pensionnat . En compagnie de mon cousin Paul Ogier , je vais faire ma Communion Solennelle à Notre Dame de Fourvière . Les deux familles vont se réunir à l’occasion de cette fête .

 

        Paul et moi-même sommes fiers de notre brassard blanc  sur la manche de . (voir photo). A la rentrée scolaire suivante je reviens à Vienne pour effectuer ma 6° au Collège d’Enseignement Technique .

 

        Marie Paule fera ses études à Vienne . Elle ne quittera jamais le toit familial . Avec toujours les mêmes amies , dont Micky , elles s’enticheront de Jean Marais , jusqu’à avoir une photo dédicacée par l’artiste . Elles vont suivre la mode de Dior , en 1947 , elles porteront la jupe à mi-mollets .

 

        Le 10 décembre 1948 , la Déclaration universelle des droits de l’homme a été adoptée par l’assemblée générale des Nations Unies .

 

        En 1949 , Jean Dancette qui dirige « le Bureau des Étrangers » , est nommé Brigadier . Pour le remercier de son travail , il sera décoré du Mérite Agricole …!!! Une photo nous permet de le découvrir en civil .

        Le 10 septembre 1949 , mon Grand père Victor Dancette décède à 77 ans . Il est enterré à Vienne . Au cours de sa vie à Vienne , il aura fondé une autre famille . De son deuxième mariage avec Félicie , il aura un autre fils dont la destinée sera perturbée par quelques indélicatesses qui l’éloigneront de sa famille  .   

            

        2 février 1950 ,

 

        Voici une triste date . Jean Dancette meurt à l’âge de 39 ans . C’est après un voyage harassant en voiture ( Paris Vienne ) qu’il décède à son retour à la maison . Il est vraisemblablement victime d’un accident cardio-vasculaire .

        A ce moment , Marie-Paule a 17 ans , Henri a 13 ans , Georges a 4 ans . De plus , sa femme Louise est en mauvaise santé ...  

        Je découvre , lors de l’enterrement sa popularité et l’estime que beaucoup de Viennois ont pour lui.  (voir annexe article journal)  

 

        Staline s’éteint le 5 mars 1953  dans sa datcha de Kountsevo dans les environs de Moscou . Le dictateur , que la propagande communiste surnommait « le petit père des peuples » , avait 74 ans .

 

        Pour la cinquième fois , nous changeons de domicile . Nous allons habiter rue du Musée , dans un immeuble appartenant à Madame Galland . La mort de Papa anéantie notre mère . Elle fait de nombreux séjours à l’hôpital , elle se rend à Grasse en convalescence . C’est Angèle Satre , l’amie de longue date , qui veille sur les enfants , en particulier sur Georges  .     

            Par la suite , elle est vaincue par la maladie (cancer des voies digestives) . Trois ans après son mari , elle va le rejoindre .

                                Elle s’éteint le 22 mars 1953 à 47 ans .

 

        Un conseil de famille se réunit et notre oncle Victor est nommé tuteur . N’étant pas sur place , un subrogé tuteur est élu en la personne du commissaire Albin qui dirige le commissariat de police de Vienne .   

        

        La généreuse sollicitude de notre oncle-tuteur nous permet de conserver une vie de famille préservée . Georges et moi-même échappons ainsi à la tutelle de l’orphelinat de la police . Angèle Satre s’installe à la maison pour épauler Marie Paule qui travaille à la Marie de Vienne . Angèle s’occupera particulièrement de Georges qui va avoir 7 ans .

 

        Pour ma part , je viens d’avoir seize ans . Je trouve refuge dans une chambre située sous les toits dans le même immeuble que notre appartement . C’est en compagnie de Charlie Parker , Miles Davis , Dizzy Gillepsie , Louis Amstrong , mes musiciens préférés de cette époque que je vais ………  

        

 

        …… Plusieurs années après , je prends conscience que je n’ai fait que croiser mes parents . J’ai partagé un temps de vie avec eux , puis ils sont partis  … je n’ai pas eu le privilège de les voir vieillir .

 

        Mais  , on se souvient toujours … et  on se rappelle …

 

        La fiction rejoint la réalité et … mes souvenirs personnels .

 

Oui , on se rappelle ….

 

        Je passe mon B.E.I. , Brevet d’Enseignement Technique et des C.A.P. de dessin , de tourneur et d’ajusteur . Ne voulant pas rester tributaire de l’oncle Victor , avec la complicité de mon oncle Louis , je me fais  embaucher chez Berliet à Vénissieux … Pas comme dessinateur industriel , mais Jeune Ouvrier  « aux pièces » … Dure la vie!  Mais j’évolue et je deviens dessinateur industriel  .

 

        Par la suite , après sa scolarité , Georges va suivre des cours dans un collège de Tournon pour être « maître formeur » …Oui il fut un manuel…à l’école !

 

        C’est ainsi que la vie de chacun de nous trois s’établit  :

 

 En 1958 , c’est le mariage de Marie Paule et de Jean Tunési .

 En 1959 , Luc arrive au monde , déjà sans cheveux… mais un beau bébé de 4 kilos .      

 En 1961 , Bertrand vient tenir compagnie à son frère .

 En 1962 , Florence , enfin une fille  !

 En 1964 , Christine , la petite dernière .     

 

Entre temps , la famille Tunési quittera Vienne pour s’installer à Tignieu  .

 

        Le 26 mars 1960 , Henri et Lili  sont heureux de vous annoncer leur mariage .

                En fin d’année , c’est au tour de Véronique d’agrandir le cercle de famille .

                En 1970 , dix ans  après sa sœur , c’est la naissance de  Valérie .     

 

        Notre frère , Georges  épouse Annie  Doithier en 1967  . Ils auront 2 enfants :

                En 1969 , naissance d’Estelle .

                En 1972 , naissance de Thibaut .

        

        Pendant de nombreuses années , toute la famille se retrouvera chez Marie Paule et Jean qui ont l’art et la manière  d’organiser des fêtes auxquelles nous assistons avec plaisir .

 

        Or , la vie va continuer pour chacun de nous avec ses aléas , nous savons tous qu’elle  n’est pas « un long  fleuve tranquille » .

                

        Le 13 septembre 1978 , Marie Paule disparaît à 45 ans , créant un vide auprès de ses enfants  .

        

        Quelques années plus tard ,

 

        Le 17 janvier 1997 , Jean a son tour va rejoindre Marie Paule .

 

Rappelons-nous aussi , la nuit du 21 juillet 1969 ,  500 millions de téléspectateurs  , et moi, et moi , sommes scotchés devant notre téléviseur pour assister aux premiers pas de l’homme sur la lune !! Vive Armstrong …

        

 

….Voici la vie à travers un  kaléidoscope de souvenirs ……

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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