HISTOIRE
DE L’ALMANACH
Des
origines lointaines
L’origine
du mot reste contestée . Selon la plus vraisemblable
, notre almanach viendrait de l’arabe , « al » signifiant
« le » et « manach » signifiant »compte ». L’almanach
était censé aider le lecteur à compter et à aménager
son temps pour vivre plus agréablement .
Le
premier almanach connu a été publié en 1493 à Paris
sous le nom de « Grand Compost des bergers » . Éléments
essentiels de la culture populaire , les almanachs étaient
, à l’origine , diffusés par les colporteurs .
Ces
petits livres , généralement mal imprimés , étaient
également appelés secrets . L’essor de la presse au
XVIII° siècle , favorisa leur développement , et notamment
celui des ouvrages confessionnels ou politiquement engagés
. On a ainsi recensé plus de 5 000 almanachs entre le
XVIII° et le XIX° siècle .
Les
almanachs distillaient un grand nombre d’informations
, pratiques et théoriques , constituant une sorte d’encyclopédie
qui permettait à chacun de répondre aux nécessités et
aléas de la vie quotidienne . S’y ajoutaient des billets
d’humour et le rappel des manifestations traditionnelles
.
Au
Québec , l’almanach était suspendu à une ficelle dans
un coin de la cuisine . Au XIX° siècle , il ne servait
pas à noter les projets , mais ce que chacun faisait
au jour le jour : histoires de famille , plantation
des cultures , mondanités , lettres envoyées , temps
qu’il faisait …Les almanachs sont ainsi devenus des
journaux quotidiens chez nos lointains cousins.
L’almanach
représentait l’unique véhicule d’information dans cette
société de l’oralité où télévision , radio et Internet
n’existaient pas ! D’abord confiné aux villes , il se
répandit dans les campagnes , assurant un certain désenclavement
des régions rurales .
En
1699 , l’Almanach royal donnait des indications sur
« le départ des courriers ordinaires pour le dedans
et le dehors du Royaume » , sur l’emplacement des bureaux
de poste et des boîtes à lettres . L’almanach évoluera
avec les régimes , devenant national , impérial , royal
…
Ancêtre
du calendrier des Postes et Télécommunications , le
premier « Almanach de la Poste de Paris » fut imprimé
en 1762 . Le dernier acte de sa mise en œuvre fut une
lettre du Ministère , datée de 1961 , et parue au Journal
Officiel : »une tradition , vieille de plus d’un siècle
, veut qu’à l’approche des fêtes de fin d’année , chaque
foyer reçoive la visite du facteur venant offrir ses
vœux , présenter un calendrier et recevoir en échange
une gratification. » L’Almanach des PTT était né !
Parmi
les almanachs les plus connus de l’histoire , on trouve
« l’Almanach du Gotha » . Publication allemande qui
parut de 1763 à 1944 , et représentait la généalogie
des Maisons souveraines et princières . L’almanach littéraire
, très répandu au XVIII° siècle , recueillait une multitude
de textes en prose ou en vers . Le modèle du genre est
« l’Almanach des Muses » . Un grand nombre d’almanachs
visant des groupes de populations liés par l’âge , les
centres d’intérêt ou le métier , fleurit dans la seconde
moitié du XIX° siècle . L’almanach nautique , tel « l’Almanach
du Marin breton » , permet aux navigateurs d’avoir les
heures des marées , des informations météorologiques
, les codes de la navigation astronomique et de nombreuses
anecdotes qui leur rappellent la terre ferme . Il a
fêté ses cent ans l’année dernière .
Depuis
plus d’un siècle , l’almanach incontournable est le
« Vermont ». Le tout premier , publié en 1885 par Joseph
Vermont , répertoriait des informations utiles comme
les tarifs postaux ou la liste des académiciens , des
députés et des sénateurs . On y trouvait déjà un éphéméride
, des dictons , des recettes de cuisine , des préparations
médicales…
Ce
n’est que quelques années plus tard que le « Vermont »
prit la tournure humoristique , qui fit son succès ,
avec des calembours , des dessins satiriques ou des
contrepèteries . Mais attention ,ces dernières se devaient
d’être relativement correctes , car l’almanach passait
entre toutes les mains . Pendant la Première Guerre
mondiale , il donnait des informations des tranchées
avec des accents patriotiques .
Après
le décès de son créateur Joseph Vermot en 1893 , c’est
son fils qui reprit le flambeau . Peu avant sa mort
en 1937 , il vendit l’almanach , tiré alors à plus de
300 000 exemplaires , aux messageries Hachette .
Aujourd’hui
, le « Vermont » fête glorieusement ses 116 ans . La
cuvée 2004 n’a pas perdu une ride . Dans les premières
pages , les traditionnelles photos des personnages politiques
français : le président de la République , suivi des
députés et des sénateurs . Au menu cette année : plus
de 1 000 dessins humoristiques , des mots fléchés ,
des trucs et astuces de la vie quotidienne et surtout
beaucoup d’humour . Un vrai bonheur à déguster chaque
jour …
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